Un métier : Infirmier(e) en Pratique Avancée

Qu'est qu'un(e) IPA ?
Le Conseil International des Infirmier·ère·s (CII) l’a défini en 2008 comme « l’infirmier·ère qui exerce en pratique avancée est un·e infirmier·ère diplômé·e qui a acquis des connaissances théoriques, le savoir-faire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de sa profession. Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmier·ère sera autorisé·e à exercer. »
En France, le décret précise que la pratique avancée recouvre :
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des activités d’orientation, d’éducation, de prévention ou de dépistage,
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des actes d’évaluation et de conclusion clinique, des actes techniques et des actes de surveillance clinique et paraclinique,
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des prescriptions de produits de santé non soumis à prescription médicale, des prescriptions d’examens complémentaires, des renouvellements ou adaptations de prescriptions médicales.
Une partie de ses activités est aussi consacrée à des activités transversales : enseignement, recherche, évaluation des pratiques professionnelles et leadership clinique auprès des équipes.
Les IPA peuvent exercer en ambulatoire (par exemple en maison ou centre de santé) et en établissement de santé.
Il existe à ce jour 5 domaines d’intervention :
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les pathologies chroniques stabilisées et les polypathologies courantes en soins primaires,
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l’oncologie et l’hémato-oncologie,
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la maladie rénale chronique, la dialyse et la transplantation rénale,
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la psychiatrie et la santé mentale,
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les urgences.
Un·e IPA est un·e infirmier·ère expérimenté·e, d’au minimum 3 ans d’exercice, ayant obtenu son diplôme d’Etat d’IPA précisant la mention choisie et reconnu au grade universitaire de master. Afin d’exercer dans le ou les domaines d’intervention définis, l’IPA devra avoir validé la ou les mentions correspondantes. La formation est organisée autour d’une 1ère année de tronc commun permettant de poser les bases de l’exercice infirmier en pratique avancée et d’une 2ème année centrée sur les enseignements en lien avec la mention choisie.
Le CH Charles Perrens emploie 3 IPA en psychiatrie et santé mentale : Aude Sibert, Laurent Gasc et Vincent Billé qui nous parlent de leur métier.
Quel est votre parcours ?
A.S : Suite à un début de parcours professionnel en pédiatrie (médecine puis réanimation), j’ai intégré le CHCP en 2009.
Après un premier poste en unité d’admission fermée à l’époque (Carreire 2), j’ai travaillé 10 ans au Réseau de Psychiatrie Périnatale (RPP) (unité d’hospitalisation, liaison, HDJ puis VAD). Dans ce cadre-là, j’ai validé un DU de Psychiatrie Périnatale puis, en lien avec un double objectif de valorisation des soins infirmiers et de développement de mes compétences en termes de clinique et de coordination de parcours, un Master 2 en Sciences Cliniques en Soins Infirmiers à Paris (Université Saint Quentin en Yvelines et Sainte Anne Form@tion). Cette formation universitaire m’a permis de contribuer auprès du Dr Sutter et de Madame Nardi (CDS), au développement des missions de coordination paramédicale en amont du parcours du soin au sein du RPP et de réaliser une recherche qualitative concernant l’expérience des femmes atteintes d’hyperémèse gravidique. Ce Master, précurseur du diplôme d’état en Pratique Avancée, m’a permis de bénéficier d’une validation des enseignements universitaires et ainsi d’intégrer en deuxième année cette nouvelle formation.
Afin de pouvoir poursuivre mon projet professionnel, j’ai quitté le RPP et saisi l’opportunité d’ouvrir le poste infirmier à la liaison du CHU et ainsi d’y initier le développement des missions infirmières. Et enfin, depuis bientôt 1 an, et après y avoir effectué mon stage, j’occupe un poste d’IPA au sein de la filière REPI (Rétablissement en Psychiatrie Intersectorielle).
L.G : J’ai commencé mon parcours professionnel en tant qu’infirmier de secteur psychiatrique au Centre Hospitalier Gérard MARCHANT à Toulouse ou j’ai travaillé plusieurs années aux urgences.
J’ai, par la suite, exercé en libéral en gardant une orientation psy dans notre patientèle.
En 2019, j’ai intégré le Master IPA à l’université Toulouse Rangueil et suivi la mention psychiatrie et santé mentale en deuxième année.
J’ai eu l’opportunité de réaliser mon stage de fin d’étude au CMP de BIGANOS, structure que j’ai intégrée depuis le 01 septembre en tant qu’IPA.
V.B : Depuis l’obtention du diplôme d’état infirmier en 2010, je suis infirmier en psychiatrie au Centre Hospitalier Charles Perrens. J'ai commencé ma carrière au SECOP, ce qui m’a conduit à suivre un diplôme universitaire "Urgences psychiatriques" de l'Université de Paris en 2016.
J'ai poursuivi mon parcours universitaire par un master 2 en sciences cliniques en soins infirmiers à l'Université des Yvelines en partenariat avec Sainte-Anne form@tion durant lequel j’ai réalisé une étude qualitative sur le vécu des personnes lors de leur venue aux urgences psychiatriques et ainsi obtenu le titre d'infirmier spécialiste clinique en 2018. A partir de ce moment-ci, j'ai pris un poste à l’unité Carreire 6, service d'admission à vocation de moindre contention. J'ai pu alors collaborer à l’élaboration d’un protocole de recherche infirmière sur le moindre recours aux mesures coercitives : l’étude PACT - « Impact du questionnaire préventif de la gestion des émotions sur les taux des mesures d’isolement et de contention mécanique en unité d’admission psychiatrique ». Ce protocole est lauréat du Programme Hospitalier de la Recherche Infirmière et Paramédicale (PHRIP) 2020.
En octobre 2020, j’ai poursuivi ma carrière au sein du service de psychiatrie de liaison au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux. A la même période, j’ai intégré la deuxième année du diplôme d’état IPA à l’Université de Paris, en réalisant une validation des études supérieures, durant laquelle j’ai réalisé un stage sur la filière REPI du pôle UNIVA et j’ai été ainsi diplômé d’état IPA en psychiatrie et santé mentale en juillet 2021. J’ai accepté un poste de recherche et d’enseignement en soins en psychiatrie et en sciences infirmières au début du mois de novembre dernier. Je suis actuellement en train de préparer mon projet doctoral à la faculté des sciences infirmières de l’université de Montréal pour une rentrée en septembre 2022.
Quel est votre rôle au CHCP ?
A.S : Mes missions s’articulent à plusieurs moments du parcours de soins de l’usager au sein de la filière REPI en étroite collaboration avec le Pr H. Verdoux :
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Evaluation clinique en amont de l’admission sur la filière,
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Entretien de recueil de l’expérience du patient après son séjour d’essai Coordination paramédicale du parcours de soin de l’usager,
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Soutien au raisonnement clinique et à la coordination de l’ETAAP (Equipe mobile de Transition et d’Accompagnement au rétAblissement en Psychiatrie),
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Organisation de RCP (Réunions de Concertation Pluridisciplinaire),
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Suivi clinique de patients de la filière,
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Formation et recherche.
J’ai également des missions transversales rattachées à la direction des soins :
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Contribution à l’amélioration de la qualité des transmissions ciblées et au raisonnement clinique,
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Enseignement en psychiatrie et sciences infirmières à l'université de Bordeaux.
L.G : Mon rôle au sein du CMP est d’assurer le suivi de patients qui sont stables sur le plan clinique et qui me sont confiés par les médecins avec lesquels j’ai signé un protocole d’organisation.
Au-delà de cette fonction clinique, 20% de mon activité sera consacrée aux missions transversales :
Coordination, enseignement, participation à des projets de recherche ou évaluation des pratiques professionnelles…
V.B : Pour des raisons de promotion professionnelle, l’initiatrice de l’étude PACT, Claire Gonsalvès, infirmière étudiante en pratique avancée, est en formation à temps plein. Depuis je suis l’investigateur principal de cette recherche. Mon travail consiste à réaliser cette recherche infirmière et à la promouvoir. J’ai ainsi pu présenter ce projet de recherche lors des rencontres soignantes organisées par la revue Santé mentale ou lors d’une journée sur le moindre recours aux mesures coercitives à l’EPSM de Lille, tout cela en octobre dernier.
En parallèle j’écris un article scientifique sur une autre recherche infirmière, également sur le thème du moindre recours à la coercition. Suite à mon expertise, je suis référent infirmier du moindre recours aux mesures coercitives en lien avec la réforme sur l'isolement et la contention en psychiatrie au niveau de la direction des soins. J’assure également des missions d’enseignement au sein du diplôme universitaire Santé mentale et de la deuxième année du diplôme d’état IPA de l’université de Bordeaux.
Pour finir, je participe à plusieurs groupes de travail sur l'établissement : celui de la recherche paramédicale pour le développement des axes du projet de soins de l’établissement, celui des évaluations des pratiques professionnelles concernant l’isolement et la contention et celui du comité d’éthique de l’établissement.