Discours de Thierry BIAIS, Directeur du CH Charles Perrens, prononcé lors de la cérémonie des vœux 2025 le 16 janvier 2025, devant une audience de plus de 200 acteurs et professionnels de la santé

En présence de :
Thierry BIAIS, Directeur du CH Charles Perrens
Dr Sébastien GARD, Président de la CME
Jacques RAYNAUD, Président du Conseil de Surveillance

Introduction

En ce début d’année 2025, le Centre Hospitalier Charles Perrens reste et demeure un îlot de stabilité et de projets dans un environnement national fragilisé et incertain, offrant à l’ensemble des acteurs publics une faible visibilité.

Pourtant notre Hôpital trace son chemin : il avance, il propose des solutions et des réponses concrètes aux difficultés rencontrées.
C’est notre marque de fabrique et c’est notre signature.

Ici à l’Hôpital Charles Perrens, nous avons encore la chance d’ouvrir des lits et non d’en fermer.
Ici, nous avons encore la chance de former des étudiants et d’accueillir de nombreux internes à chaque semestre.
Ici, nous avons encore la chance de recruter de nouveaux médecins et d’attirer de nouveaux soignants.
Ici, nous avons encore la chance de proposer de nouveaux métiers, des métiers d’IPA, de gestionnaires de parcours, de pairs-aidants, d’attachés de recherche clinique, de data-managers, de chefs de projet…
Ici, nous avons encore la chance de parler de leviers d’attractivité et de fidélisation et d’avoir les moyens de les concrétiser.
Ici, nous avons encore la chance d’avoir des chantiers sur le site et des ouvriers à l’œuvre.

Tout cela atteste du sérieux de notre gouvernance commune et de la qualité de notre dialogue interne.

Nous mesurons cette chance, individuellement et collectivement, même si certaines difficultés demeurent - je pense notamment aux tensions capacitaires ou aux difficultés d’accès à certains de nos CMP et CMPEA.

Cette chance nous oblige : elle nous oblige à faire plus, à faire mieux.

Notre bilan l’année de l’année 2024 s’avère à nouveau extrêmement positif. Les projets d’hier sont devenus des acquis, sur lesquels il est possible de s’appuyer pour franchir de nouveaux caps, entrevoir de nouveaux horizons. Aussi pour 2025 et 2026, nos perspectives de développement demeurent très solides.

Le bilan de l’année 2024

En 2024, l’établissement a enregistré une triple dynamique :

• Une dynamique d’activités, avec une file active en constante progression, un nombre de mineurs pris en charge en forte augmentation ;
• Une dynamique de recrutements, avec un effectif médical qui avoisine désormais les 160 postes pourvus, une progression de 65 ETP de nos effectifs soignants ;
• Une dynamique patrimoniale et immobilière, avec l’acquisition de nouveaux actifs et avec la rénovation de nombreux locaux.

Les travaux d’élaboration de notre nouveau Projet d’Etablissement pour la période 2025-2030 ont été conduits dans le respect des délais et du cadre méthodologique :

• Une démarche résolument participative avec plus de 200 personnels impliqués au sein de 16 groupes de travail ;
• Un projet médico-soignant placé au cœur de la réflexion stratégique ;
• L’association étroite de nos partenaires les plus proches que sont le CHU de Bordeaux, le CH de Cadillac et le CH de Libourne.

Nous avons enrichi en 2024 notre offre de soins, sur nos missions de proximité comme nos missions de recours :
• L’ouverture de nouveaux lits d’hospitalisation à temps plein :
- Sur la filière de géronto-psychiatrie : + 5 lits d’HC couplés à 5 lits d’HDJ ;
- Avec la création de la nouvelle Unité de Soins Brefs pour Adolescents de 11 à 16 ans : + 8 lits ;

Autant de nouveaux lits qui amorcent le réarmement capacitaire de notre établissement.

2024, ce sont aussi :
• Le renforcement du volet psychiatrique du SAS, avec une présence infirmière désormais 7 jours sur 7 au SAMU-Centre 15 du CHU de Bordeaux ;
• La consolidation des dispositifs de soins partagés avec la médecine de ville sur plusieurs pôles (PUMA, PGU, UNIVA) ;
• Le renforcement des moyens alloués à l’Espace Santé Etudiants ;
• Le développement de notre équipe mobile ambulatoire de soins initiaux et intensifs pour les premiers épisodes psychotiques chez les adolescents et jeunes adultes ;
• La création d’une nouvelle équipe mobile universitaire de psychiatrie du sujet âgé sur le pôle UNIVA ;
• La mise en place d’une nouvelle équipe mobile petite enfance sur le pôle PUPEA ;
• Le renforcement simultané du CREDAH, du CRA et de la Plateforme de coordination des TND ;
• Le redimensionnement des moyens du SMPR dans le cadre de l’ouverture de la nouvelle maison d’arrêt de Gradignan.

En 2024, nous avons amélioré très concrètement le quotidien et les conditions de travail des équipes soignantes, en étroite concertation avec nos partenaires sociaux :
• La poursuite de la création de postes d’AMA au sein des unités d’hospitalisation ;
• L’augmentation des temps soignants de transmissions dans les unités ;
• L’extension du pool soignant de renfort de jour ;
• L’élargissement des horaires des transports sanitaires internes les week-ends et jours fériés ;
• La création de la conciergerie interne ;
• L’installation d’une équipe de sûreté à hauteur de 12 agents.

Une année 2024 particulièrement riche également sur le plan des réalisations immobilières :
• La rénovation de Carreire 1 pour accueillir toute la filière de psychiatrie du sujet âgé ;
• La rénovation d’une partie du Bâtiment 4 pour regrouper sur un seul site nos équipes d’addictologie, depuis bien trop long- temps à l’étroit dans leurs locaux ;
• L’acquisition de nouveaux biens sur Talence, sur Pessac, à Bordeaux centre, pour sécuriser l’implantation de nos CMP et Hôpitaux de Jour ;
• Le transfert du CMP d’Eysines sur le site COPERNIC de la ville de Saint-Médard en Jalles ;
• La livraison des nouveaux locaux du CMP de Bordeaux Nord sur la Tour Mozart ;
• La conclusion des marchés de travaux pour la rénovation des 3 unités d’hospitalisation du pôle PUMA, pour un montant total de 20 millions d’euros ;
• Le lancement du dossier de consultations des entreprises pour la reconstruction du Bâtiment Lescure, pour un montant prévisionnel de 14 millions d’euros, nouveau bâtiment qui accueillera toute la filière de soins 16/24 ans, la CUMP, le pôle Usagers et le pôle Formation.

L’engagement de l’établissement autour des coopérations extérieures a été poursuivi en 2024.

Au titre de la solidarité territoriale :
• Avec le déploiement de la plateforme interdépartementale de télépsychiatrie impliquant Libourne, la Dordogne et les Landes.

54 médecins du CH Charles Perrens ont aujourd’hui une activité partagée au sein d’une autre institution.

2024, c’est également la conclusion de nouvelles conventions de partenariats :
• Avec l’ARS et le Conseil Départemental de la Gironde pour valoriser nos actions conjointes dans le domaine de la santé mentale.
• Avec les autorités préfectorales, de police et de justice pour améliorer nos coopérations autour de la prise en charge de certains usagers aux parcours médico-judicaires complexes.
• Avec la Clinique Béthanie.

Sur la recherche et l’innovation, nous avons enregistré une forte croissance de nos crédits MERRI au sein de l’entité commune de recherche formée avec le CHU de Bordeaux et le CH de Pau.

Le CH Charles Perrens a intégré de façon effective le GCS NOVA.

Beaucoup de réalisations ont permis de renforcer les liens et la collaboration avec nos usagers et leurs représentants.

Je pense notamment :
• Aux cafés des Aidants de la Maison des Usagers, organisés un samedi par mois ;
• Au très beau projet du Jardin des Egards sur le Centre Régional du Psychotrauma ;
• Au lancement, sous l’impulsion du pôle UNIVA, de la Psycyclette en septembre dernier, cette très belle initiative de l’UNAFAM autour du sport adapté.

On peut en outre se féliciter d’une gestion interne saine, à même de venir en soutien des nombreux projets en cours
• Un résultat budgétaire 2024 excédentaire, pour la sixième année consécutive ;
• Un dialogue social soutenu au travers de l’organisation de 7 séances du CSE ;
• La poursuite du cycle de formation au management pour tous nos cadres, dont je tiens à saluer le travail remarquable au quotidien près des équipes soignantes ;
• Une démarche qualité toujours très active après la visite de certification.

Ce bilan 2024 très positif résulte avant tout d’un travail en équipe et de la mobilisation de toute la communauté hospitalière de Charles Perrens. Il convient de remercier l’ensemble des équipes de soins, des services support, des services administratifs pour leur implication et leur investissement.

Les perspectives pour 2025 s’avèrent nombreuses et motivantes

Il nous faudra tout d’abord approuver avant le printemps prochain notre nouveau Projet d’Établissement.

Nous porterons une double ambition au sein de ce nouveau Projet d’Établissement :
• le réarmement capacitaire pour faire face à la démographie galopante de la métropole,
• la poursuite du virage ambulatoire autour des enjeux de graduation des soins, d’accessibilité et d’intervention précoce.

Dans le cadre de ce nouveau Projet d’Établissement, des réponses à différentes questions centrales devront être apportées.
• Comment faire en sorte que nos CMP, CMPEA et hôpitaux de jour contribuent davantage à la prise en charge des situations aigües et de crise ?
• Comment faire en sorte que ces structures extrahospitalières qui maillent notre territoire interviennent davantage en relais des hospitalisations ?
• Comment créer un véritable choc d’attractivité, différentiel, sur le SECOP et les unités d’hospitalisation à temps plein, pour attirer et fidéliser des personnels médicaux et soignants expérimentés ?
• Comment réduire de façon significative notre nombre de patients au long cours, bed-bloqués à l’hôpital faute d’une solution d’aval adaptée et effective ? Comment réduire par là même nos tensions capacitaires de façon durable ?
• Beaucoup d’espoirs sont placés dans ce cadre sur la nouvelle RCP clinique « patients complexes au long cours ».
• Un travail spécifique sera aussi et sans doute à mener sur les patients qui reviennent très régulièrement au SECOP.
• Comment structurer enfin au sein de ce nouveau Projet d’Établissement une offre de soins dédiée aux adolescents et aux jeunes adultes atteints de troubles psychiatriques ? Une offre de soins majoritairement ambulatoire et intensive.
• Comment renforcer les liens et la collaboration entre les psychiatres de l’enfant et les psychiatres de l’adulte, autour du concept clef de psychiatrie de la transition ?

Au vu de ce projet stratégique à l’ambition légitime, un accompagnement financier externe, notamment dans le cadre de notre PGFP, s’avère désormais indispensable, alors que deux de nos quatre opérations immobilières majeures entrent en phase opérationnelle.

Nos projets immobiliers ont l’avantage d’être autre chose que des projets de papier. Ils sont concrets, ils démarrent et ils répondent à d’évidents besoins de santé publique.

Pour atténuer nos tensions capacitaires, les partenariats d’aval devront être davantage densifiés, davantage diversifiés.

• Dans une logique Gagnant-Gagnant, avec des victoires rapides attendues sous l’égide du pôle d’appui aux filières d’aval,
• Il faudra savoir être innovant et prendre des risques pour trouver de nouvelles modalités d’aval,
•Nous expérimenterons les gestionnaires de parcours pour les patients aux parcours complexes.

La collaboration territoriale devra être renforcée avec les hôpitaux de Libourne et de Cadillac.

2025 nous permettra de remettre à plat les règles de sectorisation qui datent de 2015 entre Perrens, Cadillac et Libourne, trois filières seront priorisées : la pédopsychiatrie, les urgences psychiatriques et la psychiatrie médico-légale.

2025 sera enfin l’année d’une nouvelle identité graphique pour notre institution :
• Une identité graphique plus sobre, plus moderne, qui respecte notre histoire,
• Une identité graphique qui met en exergue notre territoire de responsabilité - la métropole de Bordeaux, le Médoc, le Bassin d’Arcachon - et notre mission hospitalo-universitaire.

Conclusion

Pour prolonger cette dynamique et concrétiser ces beaux projets, trois valeurs devront continuer à nous animer et à nous guider en 2025.

La solidarité.
• Solidarité envers les unités internes les plus exposées et les plus en difficulté,
• Solidarité extérieure avec les autres établissements psychiatriques de Gironde, de Dordogne, des Landes.

L’exemplarité.
• Vis-à-vis de la prise en soin et l’accompagnement des usagers, notre unique boussole, notre seule référence.

L’équité.
• Avec une culture renforcée de l’évaluation du service rendu. Culture de l’évaluation des moyens mobilisés au regard des activités réalisées.

Ces valeurs de solidarité, d’exemplarité et d’équité sont essentielles. Elles sont gages de cohésion.

L’année 2024 a été celle du sport avec l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. Souvenez-vous de ces 2 mois de temps suspendus, de moments lumineux, de rêves, d’espoirs. 2 mois continus d’une trêve enchantée, où l’on a pu collectivement mesurer le pouvoir de la joie et du bonheur, la force d’un Pays rassemblée autour de ses forces, de son histoire, de son savoir-faire, de sa diversité.

L’année 2025 sera l’année de la santé mentale.

Formons le vœu qu’elle nous permettra de parler positivement de la psychiatrie, cette discipline médicale si singulière parce que sociétale, si innovante, si engagée dans le processus de rétablissement global des patients qu’elle prend en charge. Formons le vœu que nous pourrons évoquer les solutions qui marchent, mettre en avant le travail des équipes qui avancent, qui proposent. Formons le vœu que nous pourrons accompagner et soutenir ce qui fonctionne, ce qui doit nous inspirer pour adapter nos organisations de soins et les rendre plus accessibles à tous.

Je demeure sur ce point, comme sur d’autres, pathologiquement optimiste.

Je vous souhaite à toutes et tous, ainsi qu’à vos proches, une excellente année 2025.